Les savoir-faire et l’authencité du terroir Corse sont mis à l’honneur le long de la Route des Sens. Une véritable éloge de la Corse rurale. Nous sommes partis à la rencontre de ces hommes et femmes (en Corse Orientale), producteurs locaux, amoureux de leur terre et passionnés par leur activité. Le temps d’une journée, ils nous ouvrent leurs portes en toute convivialité.
1. L’ILE DE DIANA
Première visite de la journée, l’ile de Diana, où Pierre et Emilie nous accueillent dans leur exploitation conchylicole. Nous ne sommes pas très au fait de la conchyliculture et c’est avec curiosité qu’on suit la visite. On y découvre un métier, bien plus physique et complexe que l’on aurait imaginé!
Pierre “baigne” dans les huitres depuis son enfance, de génération en génération l’exploitation et la passion se transmet sur l’étang de Diana. Cet étang est très riche en phytoplancton, ce qui permet aux huitres d’arriver à mâturité beaucoup plus vite. Elles passent de 1 à 100 grammes en moins d’un année alors qu’il leur faudrait 2 à 3 ans pour atteindre ce poids sur la côte Atlantique! Un endroit stratégique connu depuis des millénaires d’ailleurs. Déjà à l’époque romaine, les huitres étaient cultivées ici.
Pierre nous amène en bateau à la petite ile de Diane ou ile des Pêcheurs. Sa particularité ? Elle est essentiellement formée par une accumulation de coquilles d’huitres, toutes poinçonnées très nettement au même endroit, une technique utilisée par les Romains pour les ouvrir. À l’époque des Romains puis au cours du moyen Âge, les huitres étaient en fait exportées vers l’Italie (en conserve, sans coquille).
Marcher sur le sol jonché de coquilles est assez dingue!
Revenons au cycle de vie du coquillage. Bébé, pas plus grosse que la taille d’un ongle, les huitres sont importées de la côte Atlantique. Elles suivent ensuite tout une procédure pour les faire grandir et grossir.
Placer dans des petits filets bleus de forme triangulaire (appelés “pernet”), plonger dans l’étang, les huitres se développent. Une fois atteintes une certaine taille, les huitres sont ensuite repêchées et collées selon une technique très précise. Une fois assemblées, les huitres sont replongées pour une durée d’environ 8 mois. Il faudra ensuite les repêcher, les trier et les nettoyer avant de pouvoir les commercialiser. Un travail long et fastidieux, réalisé par toute une équipe d’hommes…
Et moi qui croyait que le pus dur était de les ouvrir..! Franchement, je vais les regarder d’un autre oeil la prochaine fois que j’en mangerai! J’en apprécierai tout au tant leur saveur!
Plus d’infos:
Île de Diana
B.P 12
20270 ALERIA
Tél : 04 95 35 18 60
eurldediana@orange.fr
2. LA DISTILLERIE
Nous poursuivons la journée avec l’établissement phare de la région, le domaine Mavela, la célèbre distillerie corse. Située dans la plaine orientale à 5 minutes d’Aleria, le cadre est splendide: les pieds de vignes, l’arc montagneux pour arrière plan, c’est un lieu à voir pour son histoire et ses productions.
Le magnifique Alambic en cuivre dans l’entrée en impose, on a l’impression d’être devant une machine d’un autre temps (il n’y en aurait que deux ou trois comme ceci en France!). Les anciens caveaux de vins sont superbement reconvertis pour y accueillir aujourd’hui la boutique.
Dans les années 1970, alors que l’agriculture de l’ile va au plus mal, que les fruits produits en grande quantité sont bradés… Jean Claude Venturini porté par le mouvement “Riacquistu” (reconquête du territoire et du terroir) décide de transformer tous ces fruits en eaux de vie et liqueurs. Il commence à distiller les prunes, qui avaient remplacé une grande partie des vignobles.
Très vite, il se concentre sur des fruits typiques de l’ile: myrte et cédrat, viennent ensuite la liqueur de chataigne. Aujourd’hui, il y a même de la liqueur de chocolat. En bref, chacun peut y trouver chaussure à son pied!
Sans oublier que les adeptes de whisky seront aussi combler par la visite. Le domaine est le seul lieu de fabrication de whisky en Corse. Leur whisky P&M de 7 ans d’âge a été récemment voté numéro 5 mondial (parmi les quelques 4000 whisky testés) un buzz énorme pour le domaine! Ce qu’il a de spécial? Entreposé dans des futs ayant abrités du muscat, ou de la myrte, le liquide s’imprègne et au final c’est une vrai touche méditerranéenne qui lui donne tout son caractère unique.
Laurent nous fait visiter le site, nous ouvre les cuves de la fameuse liqueur de myrte… je serais bien tombée dedans! Nous apprenons que la macération donne de la liqueur (coloréé) alors que la distillation,elle, permet de produire de l’eaux de vie (liquide transparent). Bon j’avoue on y connait rien donc on a beaucoup appris! Et puis même si on n’est pas des grands consommateurs de liqueurs, celle à la myrte vaut le détour 😀 !
Une super dégustation… Comme d’hab il n’y a que moi qui mange, car Max est toujours trop occupé avec son appareil photo! Pas bon pour le maillot de bain 🙂
Plus d’infos: www.domaine-mavela.com
3. UN PEU DE PIQUANT
L’après midi débute avec l’Atelier de la moutarde. De la moutarde en Corse, vous êtes sérieux.?!? Et bien si! Nous rencontrons Dominique et Gilberta dans leur atelier à Linguizzetta. Situé sur une petite colline à la vue imprenable: la mer d’un coté, les montagnes de l’autre, sans oublié les champs de moutarde en fleur devant la maison. Plutôt sympa! Gilberta a rencontré Dominique lors d’un voyage en Bourgogne, elle l’a rapporté dans ses valises, lui et son savoir-faire en la matière!
Cette visite nous a permis d’apprendre que la moutarde est une graine de la famille des choux fleurs et du colza! Que sa plante pousse très haut et jaunie au printemps 🙂
Ils ont commencé avec 3 pots dans le coffre de la voiture à sillonner les marchés et épiceries de Corse pour vendre leur production.
Et puis aujourd’hui, ils sont connus dans l’ile entière, exportent leurs petits pots de moutarde artisanale dans les épiceries fines de Paris et se retrouvent à la table des grands chefs. Leur délicieuse moutarde aux goûts surprenants sont fabriquées dans leur atelier et c’est encore Gilberta qui les étiquetait pot par pot il y a peu!
Pas une grande adepte de la moutarde, jai eté conquise par la moutarde à l’ancienne à la myrte! Un grand classique et d’ailleurs le goût qui les a lancé. Le mélange moutarde Cedrat, agrume typique de la Corse, n’est pas mal non plus! Mais la plus surprenante restera celle à la Combawa, un agrume au zeste poivré: un cocktail détonant en bouche! Pour ceux qui préferent les choses plus sucrées, ils ont créé une recette à base de chataigne et de miel. Bref, parmi les 12 saveurs, il y en aura forcement une à votre gout!
Plus d’infos:
L’ Atelier de la moutarde Corse
Ldt Serra Piana
20230 Linguizzetta
Tél : 04 95 46 13 52
4. L’HUILE D’OLIVE BIO
C’est avec le nez qui pique que nous quittons Dominique et Gilberta! Nous poursuivons notre route direction le moulin OltreMonti où nous rencontrons Émilie et Ivo, oléiculteurs en agriculture biologique.
Emilie décida de planter seule 1000 oliviers afin de se lancer dans la production d’huile d’olive, cependant toute une partie de sa plantation ne prenait pas, les arbres ne poussaient pas comme sur le reste de la parcelle. Elle décide de faire appel aux conseils d’un expert dans le domaine afin de comprendre ce qui n’allait pas. Cet expert c’est Ivo, un technicien Italien qui a “baigné” dans les olives toute sa vie, issu d’une famille de passionnés depuis plus de 4 générations.
Venu pour un diagnostique, Ivo n’est plus jamais reparti. Une belle histoire d’amour qui a donné vie à un beau projet: la plantation d’une propriété de 15 ha, la construction d’un moulin et d’une agriculture en bio. Sur le domaine OltreMonti, l’huile d’olive, c’est une vraie passion et elle est plus que vierge extra!
Le couple nous explique qu’ils n’utilisent aucun produit chimique, les oliviers sont par exemple recouverts de kaolin (une argile blanche). Il s’agit d’un subterfuge contre les mouches… l’arbre étant d’apparence blanche, elles ne les reconnaissent plus et ne viennent donc plus pondre dans les fruits, les olives sont sauvées de ce fléau! Malin 😉 .
Tous les déchets produits par la fabrication sont réutilisés. Les noyaux des olives sont par exemple broyés et ensuite utilisés pour le chauffage du moulin. Génial.
On prolonge la visite d’une dégustation, qui l’eut cru, j’ai le palais qui pique cette fois ci! Décidément..!
Une occasion pour Emilie de nous parler de leur projet Manhattan. Ils prélèvent des plants sur les oliviers perdus et oubliés du maquis corse afin de les replanter dans les plaines et redynamiser la culture de l’olive et de l’huile.
Leur but: participer au concours des meilleures huiles d’olives qui a lieu à New York tous les ans et ramener la médaille! Aujourd’hui, ce concours tend à couronner des pays qui se sont lancés il y a peu dans la fabrication d’huile d’olive tel que l’Uruguay ou l’Australie. Des pays qui n’ont pas la tradition mediterranéenne. Emilie nous explique que c’est toute une tradition qui est en train de s’éteindre et elle veut se battre aux cotés de ses copines grecque et italienne pour empêcher ça. Une belle initiative que l’on applaudit.
Plus d’infos: www.oltremonti.com
5. UN PETIT VERRE AVEC JOSÉE
Le soleil commence à baisser, nous terminons la journée au Clos Fornelli, domaine viticole familiale aujourd’hui tenu par Josée et Fabrice.
Vigneronne de caractère, Josée est un personnage haut en couleur. Elle nous accueille dans le pick up familial et nous invite à la rejoindre à bord pour grimper en haut de la colline, à la recherche de la vue! Malheureusement le temps est couvert en cette fin d’après midi orageuse…
Musicienne dans l’âme, elle nous joue quelques notes à la guitare au milieu des vignes, génial! Après notre petite virée en 4X4 et quelques chansons plus tard, nous visitons la cave et le bar rose de Josée qui nous retrace l’histoire tourmentée de la viticulture en Corse, qui est au final liée avec le passé tumultueux du nationalisme.
Un secteur qui décolla dans les années 1980, lorsqu’un centre de recherche viticole est créé. Toute l’équipe a beaucoup travaillé et ils ont retrouvé une trentaine de vieux cépages insulaires oubliés, des cépages qui ont fait l’identité de l’ile. La tendance est à la réappropriation de ces cépages ancestraux et d’ailleurs, Josée poursuit la lignée de son père qui décida d’en replanter quelqu’uns, comme le Biancu Gentile ou le Minustellu.
Il n’y a donc pas que les Vermentinu (blanc), Niellucciu et Sciaccarellu (rose et rouge) dans la vie des Corses!
La dégustation tombe à pic, c’est l’heure de l’apéro et l’on se régale, et oui même moi qui n’est pas vraiment une habituée!!
Décidément une bien belle journée!
Si vous aussi vous avez des bonnes adresses sur la route des sens en Corse, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires ci-dessous 😉
Très intéressant ce parcours gourmand…
Comme d’habitude, vous parvenez à faire voyager vos lecteurs grâce à vos sublimes photos. En tout cas, j’espère de tout cœur que votre petite aventure se passe très bien !